
L'histoire de la peinture
L'histoire de la peinture tunisienne débute véritablement avec les figures de Hédi Khayachi3 et Abdelwaheb Djilani alias Abdul, frère de l'historien Hassan Hosni Abdelwaheb1. Tous deux issus de la bourgeoisie tunisoise, ils suivent leurs études artistiques en Europe et se rattachent au réalisme, au folk art et au paysagisme, même si Khayachi se spécialise dans l'art du portrait. Peintre officiel des beys de Tunis, il devient le plus célèbre portraitiste tunisien de tous les temps3 ; il travaille par ailleurs pour les hauts fonctionnaires et les grandes familles tunisiennes.
Le 11 mai 1894 s'ouvre le premier Salon tunisien, dans les locaux de l'Association ouvrière maltaise transformés pour l'occasion en galerie4. La manifestation accueille les pionniers de la peinture tunisienne, à l'exception de Khayachi qui manie la peinture occidentale4. En 1912, Abdul est le premier Tunisia à y exposer ses œuvres1, suivi par Yahia Turki à partir de 19234. On y assiste à la naissance d'un art figuratif qui s'intéresse toujours aux mêmes thématiques malgré les origines variées des artistes. Alors que Turki est né d'un père djerbien et d'une mère turque. Aly Ben Salem est né dans une famille citadine tunisoise, Abdelaziz Berraies est le fils d'un ministre beylical issu d'un milieu tunisois aisé, Ammar Farhat est originaire de Béja et Hatem El Mekki est le fils d'un père tunisien et d'une mère indonésienne ; tous rejoignent le Salon tunisien dans les années 19304.
Une vague de peintres figuratifs folkloriques apparaît à cette période, avec Pierre Berjole, Pierre Boucherle, Antonio Corpora, Jules Lellouche et Moses Levy. Après la Seconde Guerre mondiale, d'autres artistes se joignent à eux : Ali Bellagha, Jellal Ben Abdallah, Amara Debbache, Brahim Dhahak, Safia Farhat, Abdelaziz Gorgi, Edgard Naccache, Mahmoud Sehili ou encore Zoubeir Turki5.
La naissance d'une peinture tunisienne contemporaine est fortement liée à l'émergence de l'École de Tunis, mise en place en 1949 par un groupe de quatre artistes — Boucherle, Corpora, Lellouche et Levy2 — unis par la volonté d'incorporer des thèmes proprement tunisiens et rejetant l'influence orientaliste de la peinture coloniale. Elle réunit des peintres français et tunisiens, musulmans, chrétiens et juifs, comme Bellagha, Ben Abdallah, Dhahak, Ammar Farhat, Safia Farhat, Gorgi, Naccache, Hassen Soufi, Hédi Turki, Zoubeir Turki et Yahia Turki1. Tous se donnent pour mission d'organiser la vie artistique tunisienne, en assumant la continuité du Salon tunisien et en créant le service des arts plastiques au sein du ministère de la Culture2.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire